Gérard Gazeau et Valérie Sévenier – Décembre 2020
Introduction
L’activité des pépiniéristes du Vaucluse produit chaque année une grande quantité de déchets : les déchets de chicotage et les écarts de tri. Le chicotage est la préparation des portes-greffes : les sarments de vigne mère
L’activité des pépiniéristes du Vaucluse produit chaque année une grande quantité de déchets organiques : les déchets de chicotage et les écarts de tri. Le chicotage est la préparation des portes-greffes : les sarments de vigne mère sont préparés et débités en tronçon de 1m (1m fera par la suite 3 portes-greffes). Les segments dont le diamètre est trop petit ou trop gros sont écartés : constituants ainsi une grande quantité de déchet. Les tris de plants en sorti de terre produisent des écarts de tri : la conformité du plant doit répondre à de nombreux critères de qualité ce qui génère des quantités importantes de plants non conformes et écartés, ce sont les écarts de tri.
Une enquête a été réalisée auprès des pépiniéristes du syndicat pour connaître leurs pratiques actuelles de gestions des déchets organiques.
25 réponses ont été apportées à cette enquête, les principales données acquises au travers de cette enquête sont communiquées ci-après.
- Surface de production et déchets produits
Concernant la production, on note que si l’activité de production de porte greffe est largement répandue chez les pépiniéristes, une partie d’entre eux apparaît spécialisé sur la production de greffé soudés.
Les déchets produits en plus grand nombre sont les déchets de vigne mère de porte greffe avec des quantités importantes générées sur les sites de production : 6 des 25 pépiniéristes produisant plus de 800 m3 de biomasse ligneuse de vigne mère chaque année sur la période de production.
Seulement 18 des 25 pépiniéristes produisent des écarts de tri de greffés soudés. Pour ce qui relève de l’entretien des haies agricoles, seulement 6 pépiniéristes ont déclarés produire des déchets de taille de haies.
- Stockage des déchets
Autres : Détruits au fur et à mesure, cheminée d’atelier pour se chauffer, dans le frigo.
Concernant le stockage des déchets, la pratique la plus largement répandu est celle de la plateforme non aménagée ; un plus petit nombre de pépiniéristes stockant les déchets en benne ou remorque avant traitement.
On constate cependant que près de la moitié des pépiniéristes ne procèdent pas au stockage des déchets, le traitement étant réalisé au jour le jour lors de la production.
La capacité de stockage des plateformes apparaît limitée chez les 10 pépiniéristes ayant répondus à ce volet de l’enquête, l’activité des pépiniéristes étant fortement productrice de déchets.
70% des pépiniéristes n’est pas en mesure de stocker plus de 15 jours de production et 20% d’entre eux pas plus de 5 jours de production. Ceci apparaît comme un frein à la mise en place de filières de valorisation.
Dans la majeure partie des cas, ces plates-formes sont cependant facilement accessibles en semi-remorque.
- Gestion des déchets
Autres : déchèterie intercommunale, cheminée atelier
Autres : déchèterie intercommunale, cheminée atelier
La pratique du brûlage à l’air libre est la plus répandue chez les pépiniéristes enquêtés, que ce soit pour les déchets de vigne mère (83% des pépiniéristes ayant répondus à l’enquête) ou pour celle des écarts de tri de plants (73%). Les autres solutions de traitement mis en place : compostage, valorisation en cheminée, broyage, évacuation en déchetterie, apparaissent comme des pratiques plus marginales et comme des solutions de gestion individuelles.
On note peu de différence sur les modalités de traitement des deux types de déchets issus de l’activité de la pépinière, mais d’avantage de gestion de par broyage sur les tailles de haies agricoles.
5 pépiniéristes nous ont répondu effectuer du broyage sur leur exploitation agricole, ce qui représente une minorité des producteurs (22%). C’est principalement le déchet de vigne mère de porte greffe qui fait l’objet d de ce type de traitement (83% des cas). Il faut noter que la large majorité des producteurs n’est pas équipé d’un broyeur à végétaux, une minorité non négligeable d’entre eux (26%) déclarant cependant avoir le projet d’investir dans ce type d’équipement
Près de la moitié des pépiniéristes évoquent des problématiques de plaintes de voisinage lors des brûlages à l’air libre, le risque incendie préoccupe également près de 30% des pépiniéristes qui ont répondus sur ce volets de l’enquête (14).
Autres conclusions
Seulement la moitié des pépiniéristes questionnés sont prêts à transporter leurs déchets sur une plateforme collective de proximité. Le critère de la distance est très important pour ne pas perdre de temps et d’énergie dans une période de forte charge de travail. De plus, beaucoup ne sont pas équipés pour pouvoir transporter des déchets aussi volumineux.
80% des pépiniéristes questionnés sont prêts à participer au projet expérimental proposé par la chambre d’agriculture de Vaucluse et le syndicat qui portera sur les filières de valorisation énergétique et par retour au sol sous forme de paillis des broyats de vigne mère.
Concernant les déchets inorganiques de l’exploitation, les pépiniéristes nous ont dit ne pas avoir de difficultés particulières relativement à leur gestion et élimination (18 réponses).
Conclusion générale
Cette enquête soulève la difficulté d’organiser des filières compte tenu de la dispersion des gisements, des capacités de stockage souvent limitées et du manque de matériel sur les exploitations.
L’organisation collective se heurte à un frein logistique lié à la faible masse volumique des déchets et au manque de disponibilité des pépiniéristes durant la saison de production.
Les sites des pépinières ne sont pas toujours accessibles à l’intervention de prestataires, les coûts d’évacuations apparaissent beaucoup trop onéreux pour certaines entreprises ….
Les opérations individuelles de valorisation doivent cependant être mises en lumière afin d’inciter le plus grand nombre à adhérer à la démarche et ce d’autant plus que les dérogations au brûlage ne seront, un jour, plus possible.
Le principal résultat de cette enquête étant en effet la pratique largement répandue du brûlage à l’air libre des déchets organiques issus des vigne mère et du tri des plants.
Des travaux sont encore en cours par la Chambre d’agriculture du Vaucluse et le Syndicat des pépiniéristes viticoles pour trouver des alternatives au brûlage à l’air libre ; ces travaux sont cofinancés dans le cadre de l’appel à projet Filidéchet porté par l’ Ademe et la Région Provence Alpes-Côte-d’Azur.
Pour en savoir plus VOIR ARTICLE : Fiche synthétique essai Alternative aux brulages des déchets de pépinières viticoles Décembre 2020
Conseiller/conseillère
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Transition récente: de maître de chai à chargée d’expérimentations et de missions environnementales. Poste basé sur l’exploitation du campus Provence Ventoux à Carpentras, établissement membre du CRIPT (Complexe Régional d’Information Pédagogique et Technique de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur).
Divers partenariats avec des chambres d’agriculture, le CTIFL, le CRIIAM Sud, l’IFV, le Syndicat des Pépinières Viticoles du Vaucluse et d’autres structures du monde agricole ont été mis en place dans le cadre de ses missions - valorisation des déchets de pépinières viticoles, recherches dans le cadre du Plan National Dépérissement Vignoble (Grenache/R110), expérimentations autour de la réduction des intrants, actions pour le maintien de la biodiversité, réalisation d’itinéraires techniques en vue de l’élaboration du futur cahier des charges de pépinières viticoles bio, gestion optimisée de la ressource en eau, participation aux GIEE zéro carbone et agroforesterie - certaines missions sont articulées autour de la pédagogie.
Laëtitia complète cette activité comme employée vigne & cave auprès d'un domaine viticole conduit en biodynamie dans le nord Vaucluse et une activité de phytothérapie dédiée aux soins de la vigne.